Au revoir Kingston, au revoir P.L.

Mon retour de Kingston ne s’est pas tout à fait passé comme j’aurais pu le prévoir.

D’abord, j’ai dû réaliser que la solitude, plutôt que de me faire frôler la folie, m’a fait goûter à une paix que je n’avais pas connue depuis plusieurs années. Je suis donc revenu avec un grand désir de poursuivre mon isolement autant que possible. Je souhaitais conserver la clarté et la paix à laquelle je goûtais finalement. 

Mes priorités ont toutefois changé rapidement. Mon beau-père, qui venait tout juste de lancer un livre dont il était si fier, est rentré à l’hôpital pour une pneumonie et la petite famille et des amis propres ont décidés de s’alterner à son chevet. J’accompagnais B, mon copain, aussi souvent que possible. Aller à l’hôpital Sacré-Cœur nous prenait à peu près une heure en transport en commun et nous restions quelques heures auprès de notre malade. Jusqu’à ce qu’un ami prenne la relève ou qu’il parte pour un examen.
Le pire est arrivé. L’équipe du Sacré-Cœur a découvert un cancer dans l’un de ces poumons. Chaque jour, il en perdait un peu plus. Trois semaines plus tard, on nous appelait en pleine nuit. À ce moment, B était à Québec, mais il a sauté dans le train de 5h30 pour nous rejoindre aussi vite que possible. J’ai rejoint la famille vers 6h30 avec du café et un déjeuner pour tout le monde. Nous sommes restés dans la chambre autant que possible. Son père nous a quittés vers minuit quarante, nous étions tous avec lui. Depuis, nous nous voyons chaque jour. Ma priorité est d’être là pour B, je le suis partout où il veut que je sois. 

J’ai la chance de pouvoir être là, complètement. J’en profite. B m’a accompagné à travers mon propre deuil, puis un sinistre, puis des idées noires, puis la perte d’un projet… C’est la moindre des choses que je sois là pour lui, dans un deuil si immense.

C’est l’évidence. Une autre forme de paix.

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Résidence - semaine 2