Présentation

Bélier est un vidéoclip que j’ai entièrement réalisé, performé et monté, en collaboration avec Nicolas Lalonde (synthèse vidéo analogique). Il accompagne la chanson du même nom, tirée de mon EP Le monde brûle, mais moi aussi, et a été publié le 9 novembre 2023. Le clip a été sélectionné pour une présentation au festival Les Filministes, qui valorise les œuvres féministes et critiques sur l’image.

D’une durée de 3 min 42, il prend la forme d’un gros plan en noir et blanc, filmé en une seule performance vocale continue. Le visage est filmé frontalement, dans une posture de vulnérabilité volontaire, en écho au caractère intime du texte chanté.

Démarche artistique

Le clip explore la présence directe, la ritualité intime et la charge symbolique à travers une mise en scène minimaliste et signifiante. Autour du visage en gros plan s’insèrent plusieurs éléments symboliques :

• des bougies,

• un briquet,

• un feu de binguale,

• le signe astrologique du Bélier,

• des cartes de tarot,

• un triangle (symbole alchimique du feu),

• un calla (fleur-totem de mon projet Zéa Calla).

Ces objets forment une cosmogonie personnelle, associant le feu à la parole, à la transformation, au cycle de destruction et de renaissance — autant dans l’expérience individuelle que dans le geste créatif.

La synthèse vidéo analogique de Nicolas Lalonde, superposée en postproduction, agit comme une énergie vibrante : elle introduit la couleur rouge, suit le rythme de la musique, altère et révèle l’image de base dans un jeu de dissimulation et d’émergence. Cette intervention visuelle évoque une combustion lente, une transmutation du visible, qui dialogue avec la dynamique émotionnelle de la chanson.

Enjeux esthétiques et théoriques

Bélier constitue une œuvre à part entière dans ma recherche artistique, au croisement de la vidéo expérimentale, de la performance enregistrée et du clip musical. Elle incarne mon intérêt pour les formes hybrides, les représentations féminines et queer du corps, et le rôle de la voix performée comme outil de subjectivation.

Le geste vidéographique agit ici comme un rituel filmique, traversé par le feu, le regard et l’instabilité. Il propose une poétique de l’exposition contrôlée, où chaque élément — même discret — participe d’un système symbolique cohérent, mais non figé.