Récit de musique (1995-2005)

Comme beaucoup d’artistes, j’ai commencé à faire de la musique très jeune. J’avais déjà des caractéristiques qui me suivent encore aujourd’hui : je détestais apprendre à jouer d’un instrument et je composais des pièces dès que j’arrivais à produire quelques sons.

De mes cours en initiation à la musique, des cours de xylophone, je ne me souviens pas de grand-chose. J’avais 4-5 ans, je crois, et les seuls flashs qui me viennent en tête sont des moments où je pleurais parce que je sentais qu’on n’avait pas compris ce que j’essayais d’exprimer. Beaucoup d’émotions, un manque de mots. En réalité, j’apprenais davantage à côtoyer d’autres enfants qu’à jouer de la musique.

Dans mes premiers souvenirs musicaux, je suis plutôt à la maison. Je me souviens encore des mélodies simples que je jouais, assise sur le sol, sur un xylophone de location. Je me laissais guider par le petit personnage, Jojo, qui skiait sur la partition. Je les jouais aussi au piano, mais je ne voulais pratiquer que les morceaux que je maîtrisais déjà. Je voulais simplement profiter de la musique et m’amuser. Mes erreurs gâchaient mon expérience.

Ça s’est poursuivi dans mes cours de piano, lorsque j’étais un peu plus vieille. Mes différentes enseignantes trouvaient que j’avais de bonnes intuitions musicales, mais que je ne pratiquais pas assez. C’était une forme de souffrance pour moi que de m’asseoir sur ce banc de bois, de répéter toujours les mêmes mélodies, sans ressentir aucune satisfaction. Je préférais répéter quelques notes au hasard et en faire des chansons.

Quelques guitares trainaient à la maison et j’aimais bien pincer les cordes. Je n’avais aucune technique, mais je parvenais quand même à produire des sons. Les cordes ouvertes me servaient de base pour composer des mélodies sur lesquelles je chantais. L’une d’entre elles, que je répétais compulsivement, est encore aujourd’hui la première chose que je joue avec une guitare en main.

Un Noël, vers mes 8-9 ans, mon père m’a offert une guitare. Comme j’aimais jouer sur la sienne, il a pensé me trouver un instrument adapté à ma taille. Quand je l’ai vu, je n’ai pas pu retenir mes larmes. La pression d’apprendre à jouer de cet instrument m’était insoutenable, mais je n’arrivais pas à l’exprimer. Je refusais de toucher à l’instrument, je ne jouais même plus sur la guitare de mon père. J’étais terrifiée. J’ai éventuellement demandé d’arrêter de jouer du piano. Je sentais que n’arriverais pas à répondre aux attentes. Je préférais mettre ça derrière moi. Je continuais à chanter, c’est tout.

Vers le milieu de mon adolescente, j’ai demandé à suivre des cours de basse. J’aimais le son de cet instrument qui me semblait accessible et qui, j’espérais, me permettrait de joindre un band et peut-être même de chanter. J’ai commencé à écrire des paroles inspirées par des artistes tels que M, Bérurier Noir et un groupe français que je refuse de nommer. Je voulais jouer des chansons de Gorillaz, Billy Talent et Jean Leloup. Éventuellement, j’ai encore frappé le mur de la pratique. Mon enseignant voyait bien que j’avançais, mais que j’aurais pu faire mieux. N’ayant pas réussi à intégrer un groupe, j’ai finalement décidé de laisser de côté la basse également.

Ce n’était certainement pas mon destin d’être virtuose. La musique était pourtant toujours présente dans ma vie. Je n’ai pas de regrets, sinon de m’être sentie coupable de ne pas correspondre aux attentes que l’on avait de moi. Je pense aussi que, même si on voyait mon potentiel, on se disait que je ne pourrais pas vraiment évoluer en musique. C’est l’image que nous avons des musiciens, après tout, des instrumentistes, de grands interprètes. Heureusement, je n’ai jamais été dissuadée de créer, et c’était suffisant pour la suite des choses…

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